mercredi 28 octobre 2015

Ernest Renan : de la difficulté d'associer la foi et la connaissance...


Alors que j'ai, en ce moment, un peu de temps pour relire les petits billets que j'ai semés tout au long de ces années sur le blogue, je réalise que certains auteurs que j'apprécie sont injustement oubliés et que la présentation que j'ai faite de leur carrière n'a rien arrangé à ce désamour ! Je suis catholique pratiquant, certains le savent, mais j'ai beaucoup de respect pour l’œuvre d'Ernest Renan, darwiniste convaincu qu'on a traité à tort d'impie ! Intelligent, tout au plus... De mon côté, je n'ai pas cette foi de charbonnier que l'on retrouve - et que l'on peut envier à certains égards - au sein de la communauté catholique mexicaine, par exemple. Ceci explique peut-être cela...


Une part essentielle de l'œuvre d'Ernest Renan sera consacrée aux religions avec, par exemple, son Histoire des origines du christianisme (7 volumes de 1863 à 1881) et sa Vie de Jésus (1863). Ce dernier livre qui marquera les milieux intellectuels contient la thèse, alors controversée, selon laquelle la biographie de Jésus doit être comprise comme celle de n'importe quel autre homme, et la Bible comme devant être soumise à un examen critique comme n'importe quel autre document historique. Ceci déclenchera des débats passionnés et la colère des églises catholique et protestante car la foi ne pouvait se concevoir, à l'époque, sans la démonstration de faits historiques incontestables…


Les rapports d'Ernest Renan avec la religion sont complexes. Il la critique comme système de pensée tout en affirmant son importance comme facteur d'unification des sociétés humaines. Dans L'Avenir de la science, il résume la situation en disant : " Quand je suis à la ville, je me moque de celui qui va à la messe ; mais quand je suis à la campagne, je me moque au contraire de celui qui n'y va pas ". Ernest Renan était un homme amer. Pour preuve, quelques extraits du portait qu'il traçait de lui-même : " J'ai parmi mes défauts, une sorte de mollesse dans la communication verbale de ma pensée qui m'a presque annulé dans certains cas. Dans mes écrits j'ai été d'une sincérité absolue. Mais dans ma conversation et ma correspondance, j'ai parfois d'étranges défaillances.Ma nullité avec les gens du monde dépasse toute imagination... Je m'embraque, je m'embrouille, je patauge, je m'égare en un tissu d'inepties. Quand je relis ce que j'ai écrit, je m'aperçois que le morceau est très faible, que j'y ai mis une foule de choses dont je ne suis pas sûr. Par désespoir, je ferme la lettre, avec le sentiment de mettre à la poste quelque chose de pitoyable…" C'est exactement le sentiment qui m'inonde juste avant de poster mes propres billets... C'est aussi en quoi cet auteur m'est proche ! Pierre

RENAN (Ernest). Le livre d'or de Renan. Paris, A. Joanin, 1903. Grand in-4. Reliure de l'éditeur en percaline lie de vin avec au centre du premier plat le titre en lettres dorées de l'ouvrage. Édition originale. Large iconographie, nombreux fac-similés autographes pour ce recueil de texte et de discours imprimé après son décès. Excellent ouvrage en bel état. 65 € + port

2 commentaires:

Jeanmi a dit…

...C'est comme vouloir mélanger l'eau et l'huile, impossible !...

Pierre a dit…

Deux composantes de la vie, c'est sûr ! Mais on peut faire un régime sans.... Pierre